France - Expert: Cécile Pocheau-Lesteven

Maéva Prigent et Lalie Thébault Maviel

Roland, Walter, Mona, Georges, Virginia me sont tombés sur la tête*

2019, Maéva Prigent et Lalie Thébault Maviel

18 €

n.56
n.56


Feuillets libres, maintien par élastiques, 50 p., 18.5 x 13.5 x 1.8 cm, 50 ex.

 

Roland, Walter, Mona, Georges, Virginia me sont tombés sur la tête* est une édition regroupant des photographies de bibliothèques personnelles et anonymes prisent par leurs lecteurs. Il s’agit d’une collaboration de Maéva Prigent et Lalie Thébault Maviel avec une cinquantaine de personnes, suite à un appel à contribution. La forme de l’édition, avec une reliure pliée mais non fixée et une tranche débordante, insiste sur le fait que, comme une bibliothèque, elle est amenée à évoluer, augmenter, se moduler, se disperser.

 

Maéva Prigent et Lalie Thébault Maviel,

Autour de problématiques sociétales liées au quotidien et à l’habitat, Maéva Prigent (1993) et Lalie Thébault Maviel (1995) collaborent, en parallèle de leurs pratiques respectives, sur des projets éditoriaux. Maéva aborde la sculpture et l’installation, Lalie interroge l’objet imprimé. Elles se sont rencontrées à l’ESAA Duperré et ont poursuivi leurs études à Paris 8 et aux Beaux-Arts de Paris.

 

http://laliethebaultmaviel.com

http://www.maevaprigent.fr 


Commentaires du jury

 

Cette reliure fixe symbolise aussi la volatilité d’une bibliothèque où les livres changent de place, sont prêtés, remplacés ou égarés… J’ai aimé la lucarne ouverte sur l’extrême diversité des comportements de l’homme face au livre. La logique du rangement diffère chez chacun et toute bibliothèque est un « work in progress ». Ce qui est particulièrement bien traduit par la forme physique de ce livre qui est un objet en évolution avec ses feuillets libres reliés par un simple élastique.

Vera Michalski-Hoffmann

 

Demander à des gens de photographier la manière dont ils ont rangé leur bibliothèque, c’est un peu leur demander un autoportrait spirituel et intellectuel. Cet amoncellement des livres dans un livre est comme des matriochkas. Tous les lecteurs sont à un moment donné confrontés à l’organisation de leur bibliothèque et doivent résoudre ce problème tel un jeu de tetris. Cela reflète une situation très ancrée dans l’actualité : peut-être que la chose imprimée est en train de disparaître dans les intérieurs des gens. Faire un livre composé de feuillets reliés par des élastiques donne une belle image de cette transition : nous sommes encombrés par les livres imprimés mais ils risquent de disparaître.

Philippe Apeloig